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Arolla Sauvage

J-11, Mardi 6 février, Anne nous accueille à Nods pour le briefing de notre sortie Arolla Sauvage. À côté de tout l'équipement de haute montagne, nous devrons transporter notre subsistance pour 3 jours afin d'être 100% autonomes. Risotto pour Gilles, thon pour Olivier, Fromage pour Anne, couscous pour Christine, soupe et thé pour Caroline et sucre pour Alain. Les sacs seront lourds, mais l'excitation monte et l'itinéraire est finalisé, certes un peu ambitieux mais tout le monde y adhère et se réjouit.

Jour 1, Vendredi 16 février. Les yeux embrumés, les premiers se retrouvent à la gare de Bienne pour le train de 5:18, nous retrouverons Christine à Berne et finalement Caroline à Arolla. La météo est clémente et nous permet d'attaquer notre première ascension… à téléski sur quelques centaines de mètres avant de se lancer sérieusement à l'assaut du Pigne d'Arolla par le glacier de Pièce. La montée est agréable dans de la bonne neige jusqu'au sommet même si les derniers 300 mètres font accélérer les pouls plus que de raison avec nos sacs bien lourds. Content d'être au sommet. Dès que tout le monde est prêt, nous entamons une première magnifique descente sur le glacier du Brenay totalement immaculé dans une poudreuse de rêve, nous sommes seuls au monde. Repeautage pour se mettre en direction de notre deuxième difficulté du jour, le col nord des Portons. Ascension agréable et facile jusqu'au col où nous nous équipons de crampons pendant que Gilles et Caroline fixent le rappel pour le passage sud du col. L'un après l'autre, nous nous élançons dans ce rappel avec nos sacs lourds ajoutés des skis. Pas toujours facile de se mouvoir correctement avec tout ce matériel.

Le temps file et nous ne sommes pas vraiment en avance. Au pied sud du col, la neige est inskiable et carton, l'horreur jusqu'au glacier d'Otemma mais quelle splendide vue s'offre de nouveau à nos yeux. Nous le traversons rapidement avant de remettre les peaux pour la dernière ascension de la journée en direction du refuge de la Singla. Les organismes sont déjà bien éprouvés et nous avons encore 300 m + / 2km à faire. Le crépuscule arrive gentiment, c'est le moment de sortir les frontales pour la dernière partie qui se fera dans la nuit complète. Ça grimpe de plus en plus fort, dépose des skis en dessous du refuge avant de finir les derniers 50 m à pied et découvrir le fameux refuge de la Singla vers 19:00. Après avoir posé nos sacs (enfin) et pris nos quartiers de luxe, contrôler que le gaz fonctionnait (bonne nouvelle), chacun s'affaire à préparer le repas, récolter la neige pour l'eau, apéro, soupe, risotto, le tout dans une bonne ambiance malgré la grosse fatigue des 2000 m + et 20 km. P'tit dénivelé qu'il avait écrit notre chef de course ;-). Repas terminé, tout le monde se calfeutre sous les nombreuses couvertures pour une bonne nuit de sommeil.

 

Jour 2 

Il fait déjà bien jour quand nous nous levons pour attaquer la deuxième étape. Gilles a revu ses ambitions à la baisse, pas de lointains cols et autres couloirs scabreux pour aujourd'hui … C'est donc dans une ambiance détendue et avec tout le temps du monde que nous avalons les affreuses mixtures qui composent nos petit-déjeuner. A travers la fenêtre, le soleil embrase les sommets environnants, c'est beau et on se demande où est-ce qu'on va faire nos besoins : les toilettes ? trop difficile … la crête rocheuse ? pas cool pour les prochains visiteurs, le glacier de Blanchen ? pas pratique avec les baudriers … et pas sympa pour ceux qui l'ont nommé.

Enfin soulagés, nous redescendons jusqu'au glacier d'Otemma où nous nous encordons pour remonter au col du Petit Mont Collon. Proche du sommet, le glacier se fracture et la glace lisse émerge de la neige. Gilles trace au plus proche de ces monolythes, parce qu'avant tout, un glacier, ça se visite. C'est vrai que c'est majestueux, tout le monde essaie de faire une jolie photo pour immortaliser l'instant, en sachant que de toute façon, finalement, les photos de Christine sont les plus belles !

Le sommet du jour est la Pointe d'Oren (3520m), nous nous y installons pour manger nos sandwich et observer des sommets plus ou moins lointains, dont les noms sont proportionnellement connus en fonction de leur proximité. Inspiré par notre audace, un joyeux groupe de patrouilleurs fonce dans notre direction. Pas le temps de mettre les voiles qu'ils sont déjà là …

Pour rejoindre le refuge des Bouquetins que nous apercevons déjà, nous faisons un petit crochet en Italie à travers le glacier qui descend du col de l'Evêque, jusqu'au Haut glacier d'Arolla. Il est à peu près 15h quand nous arrivons au refuge, baigné de soleil. Nous allons pouvoir faire sécher les chaussons, nous réhydrater sans hâte. Notre collègue Nicolas A. est aussi là, avec un sympathique groupe du CAS Vallée de Joux. Et puis il y a ce petit groupe de touristes en raquettes. Ils sont venus de France faire de l'alpinisme et manger de la vraie fondue, conduit par Serge, que j'avais croisé il y a 20 ans et que je n'ai pas reconnu.

Nous nous couchons sans sommeil dans ce charmant refuge avec dans la tête ces mots qui raisonnent encore : pourquoi les spermatozoïdes ont-ils la forme de têtards ?

Jour 3

Au 3e temps de la valse … il y a le col du Mont Brulé, Tête Blanche et Ferpècle ! Autant dire qu'au menu du 3e jour il n'y a que des desserts.

Après une nuit en compagnie d'un groupe de joyeux raquetteurs, nous nous levons de très bonne heure à la lampe frontale. Le temps d'avaler quelques flocons d'avoine et les peaux sont déjà tendues sous nos lattes. D'ailleurs, à voir les peaux de Gilles, elles ont probablement été collées avec les restes du porridge ;)

Après le passage du col du Mont Brulé, nous montons à Tête Blanche en suivant le magnifique glacier Tsa de Tsan. Après quelques photos au sommet, nous voilà en route pour une incroyable descente de plus de 2000 mètres.

Le glacier de Ferpècle nous offre sa plus belle neige et des glaçons à couper le souffle. Nous évoluons dans un environnement sauvage et rare. Entre séracs, crevasses et canyons, le temps semble suspendu.

Mais au bout de chaque aventure, il y a un car postal à attraper. Nous avalons à grandes enjambées les 2000 derniers mètres de marche avant de retrouver notre civilisation que nous avions presque oubliée, le temps d'une valse à six.

Un grand merci aux 3 rédacteur.trice. Olivier, Alain et Anne:-)

Et juste un petit mot perso:
Vous m'avez tous les 5 dit tellement de fois merci.Cela m'a fait grand plaisir, mais la réussite  de ces 3 jours,c'est les émotions ressenties par tant de beauté, l'émerveillement devant ces glaciers et surtout par la formidable équipe que nous avons formée durant ce périple. Et pour tout cela je n'y suis pour rien
Donc un IMMENSE merci à vous cinq pour votre soutien, votre confiance et votre envie de découvertes sauvages ;-) à refaire 

Ce style de course s'inscrit pour moi dans une certaine cohérence et logique. Nous sommes allés en montagne nous émerveiller devant des glaciers magnifiques et grandioses... mais en train de fondre.. . Nous y sommes allés en limitant au maximum notre impact et nos émissions de CO2. Voyage en transport public, nous avons porté toute notre nourriture et redescendu nos déchets. Ce n'est pas grand chose face à la gravité de la situation, mais cela fait du sens pour moi.
Gilles